TRAME NOIRE sur la métropole de Lille
Biotope, en collaboration avec le laboratoire CESCO du Museum National d’Histoire Naturelle de Paris, le Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive de Montpellier et le Laboratoire TVES de l’université de Lille, a étudié l’effet de la réduction de la lumière sur la connectivité du paysage pour les chauves-souris à l’échelle de la Métropole Européenne de Lille. Ce projet a été financé par la Région des Hauts de France en partenariat avec la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité.
La réduction de la lumière sur la connectivité du paysage pour les chauves-souris
En Europe, toutes les espèces de chauves-souris sont nocturnes. Ces dernières sont particulièrement sensibles aux perturbations liées à la pollution lumineuse. Pour palier à cela, elles s’adaptent en modifiant ou allongeant leurs déplacements. Elles sont également privées de nombreux terrains de chasse, trop éclairés. Les zones sombres sont elles appauvries en insectes, attirés par les sources lumineuses artificielles. Dans certains cas, la survie et le succès de reproduction des individus sont compromis.
Le projet TRAME NOIRE pour répondre à ces problématiques
Afin de répondre à la problématique de pollution lumineuse et de son impact sur les chauves-souris, Biotope a été mandaté pour une étude de la TRAME NOIRE. Les objectifs de cette étude étaient de déterminer (1) s’il était possible de s’appuyer sur le réseau de corridors existants pour le développement d’une trame noire locale, (2) déterminer l’état actuel de la connectivité écologique nocturne sur la Métropole Européenne de Lille, et enfin (3) de savoir s’il était possible d’améliorer cette connectivité en réduisant l’intensité lumineuse.
Schéma: Alexis Laforge
Les enjeux écologiques du projet
La première étape de ce projet fut de réaliser des inventaires écologiques et ainsi de pouvoir déterminer la diversité des espèces chauves-souris présentes sur l’aire d’étude.
399 sites ont été sélectionnés. Les inventaires ont été réalisés sur des nuits complètes dans les secteurs les plus contrastés de l’aire d’étude. L’effort d’échantillonnage mis en place pour ce projet, du fait de son intensité, est unique au monde pour des milieux urbains et péri-urbains.
Au total 9 espèces de chauves-souris, toutes protégées ont été recensées sur le territoire de la Métropole Européenne de Lille.
Modélisation de la trame noire
Les modélisations ont permis de prédire et cartographier la probabilité de présence, ainsi que l’abondance de plusieurs espèces de chauves-souris.
Acceptabilité sociale
Une analyse réalisée sur plusieurs communes montre que le concept de Trame noire en France est encore très jeune et mal défini. Les résultats d’enquêtes ont montré qu’a priori, elle serait toutefois acceptable. Les citadins se disent prêts à renoncer au confort que leur octroie l’éclairage public pour protéger des espèces des impacts de la lumière artificielle. Les résultats de l’étude mettent également en évidence l’intérêt d’associer les riverains dès le début des projets de mise en place d’une trame noire.
Résultats de l’étude
- Les résultats de cette étude mettent en évidence que les différentes espèces de chauve-souris présentent des réponses contrastées vis-à-vis de la pollution lumineuse (négative, positive ou intermédiaire avec un effet seuil).
- L’effet de la lumière sur la présence et l’activité des chauves-souris est significatif et prépondérant jusqu’à un périmètre de 700m autour des sources lumineuses.
- La réduction de l’intensité lumineuse permet d’améliorer la connectivité du paysage pour les espèces étudiées en milieu urbain.
Cette étude démontre l’intérêt d’intégrer des préconisations concernant l’éclairage (emplacement, puissance, spectre, durée) dans les documents de planification urbaine afin d’améliorer les conditions d’accueil des chauves-souris dans les milieux urbanisés et permet d’entrevoir des leviers d’action possibles pour prendre en considération les conflits d’intérêt entre enjeux environnementaux, économiques et sociaux.
Retrouvez l’article complet, rédigé par l’équipe de scientifiques ayant participé à cette étude, sur : https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10980-019-00803-0